Samedi 5 juin 2010, 18 adhérents de Découverte et Mémoire Castelneuvoises de Châteauneuf du Rhône se sont rendus à Saint Antoine l’Abbaye.
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Implanté dans le département de l'Isère, aux portes de la Drôme, à une quinzaine de kilomètres de Romans, le village médiéval de Saint-Antoine l'Abbaye, classé parmi les "Plus Beaux Villages de France", est considéré comme un des joyaux incontournables du patrimoine rhônalpin.
Haut lieu de pèlerinage pendant des siècles, le village conserve de nombreux témoignages architecturaux de son passé prestigieux. Le site de Saint-Antoine, inscrit au titre des Monuments Historiques, demeure, comme par le passé, un formidable centre d'attraction pour les hommes curieux de leur histoire.
L'histoire du village est intimement liée à Saint Antoine l'Egyptien dont les reliques, ramenées au temps des croisades, auraient eu la vertu de guérir le "Mal des Ardents".
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L'entrée de l'abbaye |
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La construction de l'église de Saint Antoine a commencé au 12èmesiècle et s'est achevée au 15èmesiècle. On reconnaît cette église gothique grâce à ses vitraux apportant une grande luminosité, à sa taille (plus de 50 mètres), à ses arcs-boutants et ses voûtes sur croisée d'ogives. |
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Le site de Saint Antoine |
Saint-Antoine l'Egytptien |
Saint-Antoine, dit l'Egyptien est appelé le père des moines. Né en 251 dans un village d'Egypte, mort en 356 à l'âge de 105 ans, il finit ses jours dans une grotte du mont Qolzum au bord de la mer rouge. Antoine vécut une vie d'ermite et passa de nombreuses années dans le désert afin de lutter contre les démons qui le persécutaient et lui faisaient endurer d'atroces souffrances. Tout au long de sa vie, il soigna de nombreux malades. Auréolé de Sainteté par les miracles qu’il accomplit, Antoine est appelé à Alexandrie en 311 par les chrétiens persécutés puis vers 338 afin de lutter contre le paganisme et l’hérésie véhiculés par les ariens.
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Devenu orphelin à l’âge de 18 ans, il vend ses biens et se retire dans un ermitage en quête de perfection. Dès le début de sa vie ascétique, le diable, jaloux de sa destinée, tente d’éveiller sa convoitise et se manifeste sous les traits multiples d’une femme, d’un enfant ou ceux terrifiants de bêtes féroces.
Saint-Antoine triomphe de ces turpitudes diaboliques, de ces tentations par le jeûne et la prière et se réfugie dans l’ascèse la plus sévère. Antoine meurt en 356.
Les reliques de saint Antoine sont amenées vers 1070 de Constantinople en Dauphiné par Jocelin (Geilin), seigneur local, lors de son retour de pèlerinage en terre sainte d'Egypte. Elles sont déposées au village de la Motte Aux Bois, qui prend alors le nom de Saint-Antoine.
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Le mal des ardents ou le feu de Saint Antoine |
De tous les fléaux qui déciment les populations du Moyen Age, le "mal des ardents" ou "feu de Saint Antoine" est l’un des plus meurtriers. Ce mal sévit dans toute l’Europe et apparaît en Dauphiné vers 1090-1096. Cette maladie est un empoisonnement du sang par un champignon parasite du seigle. Les malades ressentent une intense sensation de chaleur, voire de brûlure. Elles laissent des lésions irrémédiables : les muscles se raidissent et les membres se gangrènent, accompagnés de plaies purulentes et nauséabondes.
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Le tombeau des reliques |
Des premiers hospitaliers à l'ordre des Antonins |
En 1088, des bénédictins sont dépêchés de Montmajour afin de surveiller la construction de l'Abbaye qui doit abriter les précieuses reliques et assurer l'accueil des pèlerins. Par ailleurs, une maison de l'aumône est fondée par des frères et sœurs hospitaliers au service des pauvres et malades. Les bénédictins sont congédiés par le pape et les hospitaliers, devenus chanoines réguliers de Saint Antoine, les remplacent. Ils pratiquent la médecine, notamment sur les personnes atteintes du feu Saint Antoine.
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Au milieu du 12ème siècle, ces hospitaliers se voient octroyer le droit de quête, l’exemption de tributs et péages et des revenus conséquents après avoir fondé plusieurs maisons en Italie, en Allemagne et dans les Flandres. Ainsi se multiplient les conflits avec les bénédictins qui, chassé en 1289, sont officiellement congédiés par le pape Boniface VIII en 1297. |
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Gravure montrant les pèlerins qui implorent Saint Antoine. |
Aux 14ème et 15ème siècles, l'ordre est à son apogée : diplomates, conseillers, ministres et mécènes dotent l'Abbaye et de nombreuses commanderies d'œuvres d'art, reliquaires, ornements liturgiques ou manuscrits. D'importants travaux sont également menés à Saint-Antoine, qui devient le théâtre de nombreux pèlerinages.
Les Guerres de religion semblent condamner l'ordre au déclin. Abbés et religieux fuient l'abbaye livrée à la cupidité des pillards.
Dès le 17ème siècle, les religieux tentent de redresser l'ordre déchu. Ils entreprennent des rénovations d'envergure. Le trésor ainsi que la bibliothèque sont peu à peu reconstitués.
Un édit promulgué par Louis XV a eu pour mission la suppression des congrégations religieuses. L'ordre s'unit alors à celui de Saint Jean de Jérusalem, ou ordre de Malte.Les chevaliers de Malte ne séjournèrent pas longtemps à Saint Antoine et cédèrent l'Abbaye à des chanoinesses de leur ordre.
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Le trésor et l'église Saint Antoine |
C'est dans la sacristie abbatiale, aménagée en 1754 par l'abbé Etienne Galland, que l'on peut admirer le trésor des Antonins, pillé durant les guerres de religion sous les ordres de François de Beaumont, plus connu sous le nom de Baron des Adrets. Cet ensemble d'objets sacrés fut en partie reconstitué à la fin du 16ème siècle et installé dans les trois salles successives de cette sacristie aux boiseries de noyer et de chêne de Hongrie. |
On peut ainsi découvrir le très célèbre Christ du 17ème sculpté dans l'ivoire par un artiste anonyme, une série de bustes-reliquaires de la même époque, en bois argenté et doré, plusieurs reliquaires de martyrs issus des catacombes de Rome, des calices, des ciboires, des chandeliers, mais aussi quelques instruments de chirurgie ayant servi aux hospitaliers et de somptueux antiphonaires.
De riches ornements liturgiques du début du 18ème siècle, tissés au fil d'or par les Canuts de Lyon, sont conservés dans un remarquable chapier aux sept tiroirs semi-circulaires. |
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La nef | Les stalles |
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C'est entre les années 1620 et 1625, que le Frère Jean ASTRUC, chanoine Antonin, a construit le grand orgue de l'Abbatiale de St Antoine dont nous pouvons admirer, encore aujourd'hui, le magnifique et imposant buffet, situé sur la tribune, à l'entrée de l'église.
En 1748, les Antonins confient la restauration à Samson Scherrer, facteur suisse de grand renom qui le porta à 4 claviers et au moins 40 jeux dont il ne reste aujourd'hui que quelques éléments. A la Révolution, l'orgue est sauvé de la destruction par l'organiste de l'époque qui n'hésite pas à jouer des airs révolutionnaires dans l'abbatiale transformée en temple de la déesse "Raison". Les religieux sont chassés et la commune, qui n'attire plus les pélerins ni les deniers, est confrontée à de graves difficultés financières.
Enlevé en 1805, le jour de la Sainte Cécile, pour être placées à St Louis de Grenoble, les orgues sont revenues en 1982, à St Antoine. Remises à neuf, avec grand respect de la facture de Scherrer, par Bernard AUBERTIN, dans les années 1990 à 1992, les orgues ont été inaugurées les 16 et 19 septembre 1992 par Michel CHAPUIS et André ISOIR.
Le village accueille chaque été un festival de musique sacré dans l'église abbatiale, ainsi qu'une fête médiévale, Saint Antoine en moyen-âge avec animations, spectacles, marché et bal médiéval.
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Le musée départemental |
Installé dans l'ancien noviciat des 17èmeet 18ème siècles, il abrite sur deux étages l'exposition permanente « Chroniques d'une abbaye au Moyen Âge, guérir l'âme et le corps » . Conçue comme un grand livre de chroniques dont on tourne les pages, l'exposition aborde tous les chapitres de l'histoire de l'abbaye de Saint-Antoine, mais aussi ceux de la société médiévale du 12èmeau 16ème siècle.
Créé en 1980 à partir d'une donation faite au Département d'œuvres de l'artiste Jean Vinay, le Musée départemental de Saint-Antoine l'Abbaye a fait l'objet de travaux de réaménagement et de redéploiement de ses espaces muséographiques en 1998 . |
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Le jardin médiéval |
Il accueille les essences végétales présentes dans la pharmacopée des hospitaliers de Saint Antoine.
L’exposition "jardins des cloîtres, jardins des princes, quand le parfum portait remède" permet de découvrir et de sentir des parfums recrées : myrrhe, baume de Saint Antoine, Eau de la reine de Hongrie, Eau des Carmes, Oiselet de Chypre, Civette, Vinaigre des quatre voleurs… |
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La cité médiévale de Saint-Antoine l'Abbaye, classée parmi les Plus Beaux Villages de France, est un des joyaux du patrimoine rhônalpin. Le village et les abords de l'abbaye ont été inscrits au titre des Monuments historiques en 1946.
Les façades des maisons, les ruelles tortueuses, les places du village, les toitures, les grandes demeures qui contrastent avec les maisons à colombages, d'une saisissante authenticité, offrent aux visiteurs un fantastique voyage dans le temps en les propulsant au cœur du Moyen Age. Le "Sentier du Flâneur" (sentier découverte) permet aux visiteurs de découvrir les charmes de ce village en empruntant ruelles et goulets. |
Durant le Moyen Age, le village est nettement divisé en 4 quartiers, selon un tracé presque linéaire, encore visible de nos jours. La partie haute du village est occupée par l’abbaye.
Constitué à l’origine d’un îlot d’habitations rurales formant la Basse-cour villageoise d’un château à motte déjà existant au 11èmesiècle, il conserve encore sa forme radioconcentrique initiale. Ses simples maisons de torchis (maisons à colombages) ou de galets à pans de bois lui confèrent une certaine authenticité. C’était le refuge des plus démunis ainsi que des voyageurs logés dans les nombreuses tavernes implantées le long des cours d’eau. |
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Maison à colombages | Maison dauphinoise avec tuiles vernissées |
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On distingue ensuite le bourg Bas avec la halle médiévale, véritable cœur économique de la ville. La Rue Basse est le lieu où artisans, menuisiers, laboureurs et jardiniers se côtoyaient dans ce quartier animé d’échoppes et de tavernes. Tisserands et tanneurs étaient installés près des cours d’eau.
Mais on y trouvait aussi puits, pressoirs et moulins.La Halle était le cœur économique du bourg Bas. Vaste ensemble couvert, elle était surtout destinée au commerce de blé. Des loges étaient installées et faisaient office de boutiques. Peu à peu abandonnée, elle finit par être détruite au 18ème siècle. La Halle que l’on peut voir aujourd’hui est une construction du début du 19ème siècle. |
Entrée nord du Grand cloître dès le Moyen Age, pratiquée par les pèlerins car directement ouverte sur le Bourg, la porte du Gros Mur fut reconstruite au 16ème siècle. Les degrés du grand escalier datent de 1711 |
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La porte du Martel, on aperçoit l'auberge de la Croix Blanche mentionnée en 1400, implantée à la jonction du bourg Haut et du Faubourg. |
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Cette chapelle souterraine appelée "grotte" (1478) était située sous le Grand hôpital. Elle était utilisée au Moyen Age par les religieux et chirurgiens de l'Abbaye qui y pratiquaient divers examens médicaux afin de déterminer la nature de l'infection dont était atteint chaque malade.
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